Panier Bleu

Caroline Savoie: la joaillière old school de Rosemont

Article original du Panier Bleu: https://www.lepanierbleu.ca/fr/blogue/portrait-entreprise-caroline-savoie-joaillerie

Laisser sa trace

Selon Caroline Savoie, la joaillerie n’est pas un métier très connu au Québec. « Ici, on a pas vraiment de tradition historique d’orfèvrerie ou de joaillerie comme en Europe. Quoi que ça m’arrive de moins en moins, j’ai dû souvent préciser que je n’étais pas bijoutière, que je ne réparais pas les bijoux et que je ne faisais pas de vente au détail. Mon métier, c’est joaillière: je conçois et réalise des pièces uniques et je demeure assez old school dans mes méthodes, avance-t-elle en riant. Je sculpte toutes les pièces de A à Z, je les coule à la cire perdue ou, alors, je coule un lingot que je coupe au fil ou que je martèle. Je dessine même encore avec papier et crayons. Je veux laisser une trace, une émotion ».

Selon la créatrice, les nouvelles technologies qui permettent aujourd’hui de réaliser des impressions 3D efficacement ont tendance à masquer la trace de l’artisan. « Je ne sais pas si les client.e.s le voient,  je suis un peu puriste il faut croire, mais je trouve que chaque joaillier ou joaillière a sa touch, son coup de lime unique, ses méthodes d’arrondissement, etc. À l’ordi, c’est vraiment parfait, mais je préfère reconnaître la main de l’artisan.e! »

La femme d’affaires et artisane, qui a pignon sur rue dans le quartier Rosemont, nous raconte comment c’est les mains dans la terre, qu’elle a reconnu sa passion pour sculpture: « D’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai été attirée par l’art sous toutes ses formes. Dans l’enfance, je faisais plein de bricolage à la maison avec des cure-pipes, des textiles, des paillettes, et j’en passe. Les textures m’attiraient. Au chalet, je fabriquais des centaines de sculptures en glaise sur notre petite plage. Je les laissais ensuite sécher au soleil. C’est à cette époque-là que j’ai compris que ce qui me passionnait dans la vie, c’était de donner une forme à la matière avec mes mains ».

Ravir les sens

Aujourd’hui reconnue pour ses pièces texturées, massives, mais confortables, Caroline crée de véritables sculptures à porter: « Je pense mes bijoux comme des œuvres d’art à mettre en valeur sous tous les angles. Je suis inspirée par la nature. J’aime la subtilité et la sensualité des fleurs, la fluidité des formes organiques. J’aime quand c’est doux pour l’œil autant que pour la peau ». La joaillière dit également vouloir évoquer la sinuosité du corps humain dans certains dessins, s’inspirant de la fluidité des formes féminines, entre autres. Elle poursuit: « Pour que je sois satisfaite, il faut que le bijou stimule l’imaginaire, qu’il fasse sourire et qu’il ravisse tous les sens ».

Incontestablement sensuelles, les pièces de Caroline Savoie sont aussi symboliques: « Pour moi, le bijou symbolise d’abord l’amour. L’amour pour soi et pour les autres. C’est très romantique, autant le geste de (se) l’offrir que l’objet en tant que tel parce qu’il est tellement luxueux ». Elle ajoute: « Je sais bien, surtout en ces temps difficiles, que le bijou est un luxe pour ceux et celles qui ont le privilège de pouvoir se le permettre. C’est pourquoi j’essaie de créer des pièces pour tous les budgets, d’offrir des collections accessibles pour que tou.te.s puissent avoir accès à ce symbole d’abondance qui a le pouvoir de faire du bien. Tout le monde mérite du beau dans sa vie! »

Bien consciente que cela constitue une dépense parfois substantielle, Caroline envisage ce geste de consommation avec déférence: « Je veux que le bijou soit à vie, qu’il dure dans le temps parce c’est bel et bien un investissement, quelque chose qu’on peut transmettre à la génération suivante et qui prend de la valeur. C’est un des rares objets qui peut nous suivre toute notre existence. Je pense à ça depuis mes débuts. Je me rends compte que mes designs passent bien à travers le temps. Mes pièces d’il y a 20 ans sont autant d’actualités que celles que je fabrique aujourd’hui. Je me tiens loin de ce qui est à la mode, donc passager ».

Trouver bague à son doigt

La joaillière se dit très privilégiée de pouvoir « vendre du sourire » et d’entretenir une relation à long terme avec certain.e.s de ses client.e.s: « Je suis chanceuse d’être entourée de gens qui ont une sensibilité artistique développée, qui me font confiance, qui reviennent me raconter leurs histoires et qui, parfois même, me commandent des bijoux sur mesure », confie-t-elle, visiblement ravie. « En tant qu’entrepreneure, je ne compte pas mes heures dans ces projets-là, mais j’en tire énormément de satisfaction. C’est un véritable dialogue qui me sort de ma zone de confort. Quand je réalise une commande sur mesure, je conserve mon style, mes ingrédients, mais je les offre au service de leur vision. Je suis toujours stressée quand les client.e.s ouvrent la boîte à bijoux pour la première fois. Ils et elles sont souvent très ému.e.s et ça me bouleverse toujours ».

Caroline, manifestement passionnée par son métier, conclut pleine d’une palpable reconnaissance: « Des fois, j’ai de la difficulté à croire la chance que j’ai. J’ai réussi à me tailler une place sur le marché. Je suis entourée de beau, de gens sympathiques inspirés et inspirants et, même si je travaille super fort, je continue un peu à faire des sculptures sur la plage, comme quand j’étais petite, et je ne me verrais pas faire autre chose de si tôt! »

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